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6e article

L’origine gaspésienne
de Robert Kavanagh

Éric Kavanagh et Pierre Kavanagh

Le 27 février 2025

Robert Kavanagh, Cap-des-Rosiers, Jersey Cove, Gleeton, Ste-Croix, Île aux Perroquets.

Premier de deux articles sur le patriarche de notre famille en Minganie. Né en 1914 en Gaspésie, Robert Kavanagh se sera surtout démarqué en tant que gardien de phare de l’Île aux Perroquets, de 1948 à 1976. Époux de Mary Collin, père de 5 enfants et grand-père de plusieurs petits-enfants et arrière-petits-enfants, il laisse une descendance bien ancrée à Longue-Pointe ainsi qu’ailleurs au Québec. Voici son histoire.

Ses parents, Albert et Ida

C’est le 11 avril 1910 qu’Albert Kavanagh et Ida Gleeton unissent leurs destinées dans leur village natal à l’extrémité de la pointe de la Gaspésie, Cap-des-Rosiers (Figure 1). Albert est le fils de James Kavanagh et Zoé Ste-Croix, alors qu’Ida est la fille d’Alexander Gleeton et Adéline Giasson.

Figure 1

Acte de mariage d’Albert Kavanagh et Ida Gleeton (1910)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1910

Acte de mariage première
partie
Acte de mariage deuxième
partie

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« Le onze avril dix neuf cent dix, vu la publication de trois bans de mariage faite au prône de notre messe paroissiale entre Joseph Albert Kavanagh, pêcheur, fils majeur de James Kavanagh, pêcheur, et de feue Zoé Ste-Croix, de cette paroisse [Cap-des-Rosiers], d’une part, et Marie Géraldine Ida fille mineure de Alexandre Gleeton, pêcheur, et de Adeline Giasson, de cette paroisse, d’autre part, ne s’étant découvert aucun empêchement au dit mariage, nous, curé, de cette paroisse, avec la permission des parents de l’épouse mineure, avons reçu leur mutuel consentement de mariage et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de plusieurs parents et amis dont quelques-uns soussignés, ainsi que les époux. »

Le recensement de 1911 montre qu’Albert et Ida, alors enceinte de leur premier enfant, vivent sous le toit de James (Figure 2). À noter que la maisonnée précédente inscrite dans le formulaire du recensement est celle d’Arthur Kavanagh, cousin d’Albert et fils de Dominick Kavanagh, frère de James. Arthur héberge alors son père. Ces deux familles du clan irlandais des Kavanagh vivent donc côte-à-côte à Jersey Cove, l’une des 4 parties de ce qui est aujourd’hui Cap-des-Rosiers, à savoir Cap-Est (ou les Caps ou Cap-des-Rosiers Est), le rang Saint-Martin, l’Anse-à-la-Louise (« au milieu de la place ») et Jersey Cove (KAVANAGH 1993-1994d : 0m52s). À noter que Cap-des-Rosiers Est a été expropriée et ses propriétés incendiées dans l’établissement du Parc Forillon au tout début des années 1970 [Web|Web|Web|Web|Web].

Figure 2

Albert Kavanagh et Ida Gleeton au recensement de 1911

Ancestry.ca, Recensement du Canada de 1911
Québec, Gaspé, Cap-des-Rosiers

Albert Kavanagh et Ida
Gleeton au recensement de 1911

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« [9] Kavenagh James | chef | 56
[10] Kavenagh Albert | fils | 22
[11] Kavenagh [Gleeton] Ida | brue | 17
[12] Kavenagh Ilda | fille | 16 »

Note : la maisonnée d’Arthur (qui héberge son père Dominick) est la 80e famille recensée alors que celle de James (là où vivent Albert et Ida) est la 81e. Un troisième frère, Patrick, vit avec sa femme, Salomé Ste-Croix, dans le même village et a été recensé, toujours en 1911, en tant que 61e famille/maisonnée.

Une famille de 5 enfants

Le premier enfant du couple Kavanagh-Gleeton, c’est Alma, née le 15 septembre 1911 (Figure 3). Ses grands-parents Gleeton sont ses parrain et marraine. À noter que les grands-parents Gleeton, Alexander et Adéline, vivent dans le même village (3e famille/maisonnée recensée en 1911).

Figure 3

Acte de baptême d’Alma Kavanagh (1911)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1911

Acte de baptême d’Alma Kavanagh

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« Le seize septembre mil neuf cent onze, nous, curé soussigné, avons baptisé Marie Alma née la veille, fille légitime d’Albert Kavanagh, pêcheur et d’Ida Gleeton, de cette paroisse [Cap-des-Rosiers]. Parrain Alexandre Gleeton, marraine Adéline Giasson, aïeuls de l’enfant, soussignés, ainsi que le père. Lecture faite. »

Alma se marie le 29 octobre 1935 à Cap-des-Rosiers avec Alcide Joncas (fils de Théodule et Omérine Cotton). Ils vivront l’essentiel de leur vie à Pointe-Jaune. Elle décède le 5 août 1986 à l’âge de 74 ans et 11 mois [Web].

Le 16 octobre 1912 vient au monde le deuxième enfant, Walter (Figure 4). Son grand-oncle Patrick Kavanagh et sa grand-tante Salomé Ste-Croix sont ses parrain et marraine.

Figure 4

Acte de baptême de Walter Kavanagh (1912)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1912

Acte de baptême de Walter Kavanagh

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« Le seize octobre mil neuf cent douze, nous curé de cette paroisse [Cap-des-Rosiers], soussigné, avons baptisé James Walter, né le même jour fils légitime d’Albert Kavanagh, pêcheur, et d’Ida Gleeton, de cette paroisse. Parrain Patrick Kavanagh, marraine Salomé Ste-Croix, son épouse, oncle et tante de l’enfant, de cette paroisse, soussignés, ainsi que le père. Lecture faite. »

À Cap-des-Rosiers le 30 décembre 1941, Walter se marie avec Lucie Anna Ferguson (fille de John et Christine Fortin). Il décède le 3 août 1986 à Longueuil à l’âge de 73 ans et 9 mois.

Selon son acte de baptême, Robert est né le 4 janvier 1914, même si la famille a toujours retenu la date du 6, fête des Rois, pour souligner son anniversaire (Figure 5). Ses parrain et marraine sont Arthur Kavanagh et son épouse, Joséphine Ste-Croix.

Figure 5

Acte de baptême de Robert Kavanagh (1914)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1914

Acte de baptême de Robert Kavanagh

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« Le quatre janvier mil neuf cent quatorze, nous soussignés, avons baptisé Joseph Robert, né le même jour, fils légitime de Albert Kavanagh pêcheur et de Ida Gleeton de cette paroisse [Cap-des-Rosiers]. Parrain Arthur Kavanagh cousin marchand. Marraine Joséphine Ste Croix, son épouse, soussignés. Le père était absent. Lecture faite. »

Note : la date inscrite à l’encre bleue en marge de gauche n’est pas celle du décès.

Dans les récits de la famille d’Arthur et Joséphine, il est question d’un précieux chien nommé Traveler qui se serait particulièrement démarqué un certain soir de janvier 1914 :

Traveler de son côté était de la noblesse parmi la gent canine et pouvait être confié à des postes de confiance, entre autres celui de garder à l’ordre à l’étable où il chambrait. La plus importante mission de toutes les missions de sa carrière de chien fut bien celle d’aller chercher la sage-femme le soir d’un jour des Rois, pour la voisine. Il le fallait bien, Robert était en route.

(KAVANAGH 1979a : 11)

Cette voisine était forcément Ida Gleeton, et, comme l’indique le recensement de 1911, il s’agit bien de la maison de James (père d’Albert).

Le 4 mars 1915, Noëlla vient au monde à Cap-des-Rosiers (Figure 6). Le parrain de l’enfant, Uldège Gleeton, est le frère d’Ida.

Figure 6

Acte de baptême de Noëlla Kavanagh (1915)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1915

Acte de baptême première partie
Acte de baptême deuxième partie

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« Le cinq mars mil neuf cent quinze, nous, curé soussigné, avons baptisé Maria Noëla, née la veille, fille légitime d’Albert Kavanagh et de Ida Gleeton, de cette paroisse [Cap-des-Rosiers]. Parrain Uldège Gleaton; marraine Ovilia Boulet, épouse du parrain, oncle et tante de l’enfant, soussignés, ainsi que le père. »

Après avoir vécu des années à Montréal, Noëlla se marie à 56 ans, le 3 juillet 1971 à l’Anse-au-Griffon, avec Alphonse Ouellet (veuf de Thérèse Renouf et fils d’Alphonse et Aurore Pelletier). Elle décède le 10 avril 2005 à l’âge de 90 ans et 1 mois [Web].

Zoé, dernière de la famille, naît le 12 septembre 1916 (Figure 7). Ses parrain et marraine sont Joseph Ferguson et Alma Kavanagh, la sœur d’Albert. Joseph occupe pendant des années le poste de gardien de phare à Cap-des-Rosiers, soit de 1927 à 1931 et de 1935 à 1951. L’intermède de 4 années entre ses deux mandats correspond probablement à un changement de couleur politique au fédéral – ainsi allait l’attribution de ces postes dans les phares les plus prisés (GENDRON et CLOUTIER 2021 : 7).

Figure 7

Acte de baptême de Zoé Kavanagh (1916)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1916

Acte de baptême première partie
Acte de baptême deuxième partie

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« Le treize septembre mil neuf cent seize, nous, curé soussigné, avons baptisé Marie Alberta Zoé, née la veille, fille légitime d’Albert Kavanagh et d’Ida Gleeton, de cette paroisse [Cap-des-Rosiers]. Parrain Joseph Ferguson, marraine Alma Kavanagh, épouse du parrain, oncle et tante de l’enfant, de cette paroisse, soussignés, ainsi que le père. »

« Après avoir fait ses études primaires au Couvent de Cap-des-Rosiers et ses études secondaires chez les Ursulines de Gaspé, [Zoé] entre chez les Soeurs de St-Paul de Chartres le 30 septembre 1933 [elle a 17 ans] » (COMITÉ ORGANISATEUR 1972 : 32). Cet appel à la vie religieuse s’est peut-être concrétisé lors d’une retraite animée par un père jésuite quelques semaines auparavant :

Du 8 au 12 août 1933, le R. P. Alexandre Dugré, de la Compagnie de Jésus, vient prêcher une « retraite fermée » à vingt-six jeunes filles, en vue du bien général de la région non moins que du recrutement possible de nouvelles vocations religieuses. Quatre postulantes se présentent bientôt : Hermance Busque, Zoé Kavanagh, Jeanne-Aimée Saint-Laurent et Yvonne Dupuis (deux de Sainte-Anne-des-Monts, une du Cap-des-Rosiers et une de Beauceville).

(BERNARD 1957 : 343-344)

En plus d’enseigner l’anglais au secondaire (Ste-Anne-des-Monts), elle a été supérieure locale à différents endroits pendant des années, notamment à Port-Daniel en 1945, à Pabos à partir de 1951 (BERNARD 1957 : 372) et à Maria des années plus tard. En communauté, notre tante Zoé était connue sous le nom de Sœur François-Xavier. Au cours de sa longue vie, elle viendra souvent visiter son frère et sa belle-sœur à Longue-Pointe. Zoé meurt à Ste-Anne-des-Monts le 18 janvier 2011 à l’âge de 94 ans et 4 mois [Web].

Mort du père et dispersion des enfants

Au début du printemps 1918, le 10 avril, une tragédie frappe la jeune famille Kavanagh : Albert, le père, meurt à Cap-des-Rosiers à l’âge de 29 ans et 20 jours (et non à 28 ans et 22 jours comme l’indique l’acte de sépulture) (Figure 8).

Figure 8

Acte de sépulture d’Albert Kavanagh (1918)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1918

Acte de sépulture d’Albert Kavanagh

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« Le douze avril mil neuf cent dix huit, nous, curé soussigné, avons inhumé, dans le cimetière de cette paroisse [Cap-des-Rosiers], le corps de Joseph Albert Kavanagh, époux d’Ida Gleeton, de cette paroisse, décédé l’avant-veille en cette paroisse, à l’âge de vingt-huit ans et vingt-deux jours. Présents plusieurs parents et amis dont le Rév. D. S. Giguère, Arthur Kavanagh soussignés »

Selon les mémoires audio de Robert, Albert serait mort des suites d’une colique cordée (peut-être une crise d’appendicite évoluant en péritonite) qui n’avait pu être soignée par un médecin, sans doute du fait de l’isolement géographique (KAVANAGH 1993-1994a : 6m43s). Dans son Parler populaire des Canadiens français (1909) [Web], Narcisse-Eutrope Dionne [Web] définit et commente ainsi la colique cordée : « Obstruction de l’intestin par lui-même, d’après un préjugé populaire » (1909 : 164).

C’est dans le Cimetière des Anciens de Cap-des-Rosiers que se trouve la pierre tombale d’Albert Kavanagh (Figure 9).

Figure 9

Pierre tombale d’Albert Kavanagh à Cap-des-Rosiers

© Éric Kavanagh, 2019

Pierre tombale d’Albert Kavanagh

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« À la mémoire de
Albert Kavanagh
époux de Ida Gleeton
décédé le 10 avril 1918
Âgé de 28 ans
R.I.P. »

Bien que peu de renseignements sur Albert nous soient parvenus, nous avons néanmoins la chance de posséder une photo de lui (Figure 10).

Figure 10

Photo d’Albert Kavanagh, père de Robert

© Collection Pierre Kavanagh

Albert Kavanagh (photo)

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À la mort d’Albert, Ida a dû « donner » ses enfants, selon les mots mêmes de Robert (KAVANAGH 1993-1994d). N’aurait-elle pas pu continuer à les élever elle-même en demeurant dans « sa » maison, voire se remarier pour subvenir aux besoins de la famille, comme ça se faisait beaucoup à l’époque ? Cette question intringue encore. Est-ce qu’on lui a offert la maison ou encore offert de préserver sa place au cœur du foyer familial ? On ne le saura sans doute jamais.

Chose certaine, la vie après le décès d’Albert n’a pas été simple pour Ida : de longues années d’exil à Windsor (Ontario) (« l’ouvrage était dans les grandes villes ») et une succession de divers boulots manuels. Au recensement de 1931, on la retrouve à Indian Cove (Anse-aux-Amérindiens, Forillon) en tant que ménagère (house keeper) pour John Smith et Charles Boulet, respectivement gardien et assistant-gardien du phare de Cap-Gaspé.

Par la force des choses et avec peine, Mme Kavanagh [Ida Gleeton] doit placer dans des foyers différents ses cinq enfants [...]. Pour gagner sa vie, elle se rend ensuite à Windsor, en Ontario. Plus tard, elle revient dans la péninsule [Gaspésie] et travaille dans des presbytères comme ménagère et cuisinière.

(COLLIN-KAVANAGH 2003 : 51)

Malgré la séparation, Robert aura la chance de vivre de beaux moments avec sa mère, notamment dans la période de son mariage en 1950.

Quelques jours avant la cérémonie [de mariage, à Longue-Pointe], je [Mary Collin, femme de Robert] vais à la rencontre de ma future belle-mère, Mme Kavanagh [Ida Gleeton], chez M. Georges Maloney, à Mingan. Arrivée la première, elle vient de débarquer du C.G.S. Chesterfield. Ce bateau, qui appartient au ministère des Transports, revient de Natashquan après une escale à Gaspé. Dans la hâte de revoir son fils, Mme Kavanagh se rend ensuite à l’île aux Perroquets. Elle en profite pour l’aider dans les derniers préparatifs des noces et pour voir aussi à ce que le futur marié soit impeccable... [...] La veille du mariage, les frères Patrick et Adrien Albert traversent au phare dans leur barge à moteur Acadia pour ramener Robert et sa mère sur la terre ferme. [...] Mais un fort vent d’ouest s’est levé. [...] La barge met alors le cap sur Longue-Pointe dans des vagues de plus en plus menaçantes. Pour plus de sécurité, les frères Albert dévient la barge plus à l’est, jusqu’au quai de Mingan. Mme Kavanagh, qui n’a pas l’habitude de ces croisières mouvementées, est malade. Elle est heureuse de retrouver la terme ferme.

(COLLIN-KAVANAGH 2003 : 50-51)

Après le mariage, il faut dire aurevoir au père adoptif de Robert (Arthur Kavanagh), mais Robert a le bonheur de garder sa mère auprès de lui quelques mois supplémentaires.

Au bout d’une semaine, après avoir joui d’un repos bien mérité, M. Kavanagh [Arthur], qui est marchand à Cap-des-Rosiers, doit retourner chez lui. Il aurait bien aimé prolonger son séjour sur l’île avec nous. Mme Kavanagh, quant à elle, demeure à l’île jusqu’au mois d’octobre. Elle est heureuse, et Robert adore sa mère. Ce sont pour eux des moments privilégiés, des moments qui leur permettent de vivre ensemble après la longue séparation qu’ils ont connue.

(COLLIN-KAVANAGH 2003 : 57)

Un an plus tard, en 1951, lors de la construction du nouveau phare de l’Île aux Perroquets (tour et bâtiments), Ida vient encore prêter main forte à son fils Robert et à sa bru Mary, qui vient tout juste de mettre au monde son premier enfant (Pierre-Irénée, le coauteur de ce texte) :

Il est certain que la venue d’un enfant transformera notre vie d’insulaires. [...] J’apprécie grandement les conseils de ma belle-maman [Ida Gleeton], qui passe quelque temps avec nous, et aussi ceux de ma tante Élise [Ward, épouse de Richard Collin, assistant-gardien], toujours prête à rendre service. Le 9 juin, quand je viens à peine de défaire ma valise, une grosse cargaison de matériaux arrive en bateau. Un contrat de construction pour deux maisons et un phare a été octroyé à la Peninsula Construction, de Gaspé. Quelque temps avant, l’entrepreneur, M. Boyle, est venu au phare prendre des arrangements pour la pension et le logement de 12 hommes. [...] Nous nous entendons pour la pension à 3,50 $ et par homme, incluant le blanchissage et le logement. [...] Pour faire la cuisine à tout ce monde, mon mari fait appel à sa mère. Cette excellente cuisinière est aidée de ma tante Élise.

(COLLIN-KAVANAGH 2003 : 92-93)

À la mort du père de Robert, donc, les enfants sont placés dans la famille élargie ou chez des proches : Alma, l’aînée, est allée chez les « Aurichaud/Robichaud » (?), Walter, chez M. (Ludger ?) Whalen du Cap-Est, Robert, chez son parrain Arthur Kavanagh (et Joséphine Ste-Croix) (Figure 11), Noëlla, chez l’oncle Philippe Ste-Croix (époux d’Hilda Kavanagh, sœur d’Albert), et la plus jeune, Zoé, âgée d’à peine un an et demi, est demeurée avec sa mère, sans doute chez le grand-père Gleeton pendant un certain temps (KAVANAGH 1993-1994d : 2m49s).

Figure 11

Robert Kavanagh devenu fils adoptif

Ancestry.ca, Recensement du Canada de 1921
Québec, Gaspé, Cap-des-Rosiers

Robert Kavanagh au recensement de 1921

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« [14] Kavangh Arthur | chef | 48
[15] Kavanagh [Ste-Croix] Joséphine | épouse | 48
[16] Kavanagh Damenique | père du chef | 70
[26] Robert Kavanagh | fils adop | 7
[27] Bertha St Croix | fils [fille] adop |»

Comme le montre la figure précédente, Robert est désormais fils adoptif chez ses parrain et marraine, Arthur Kavanagh et Joséphine Ste-Croix. Selon ce même recensement de 1921, les trois oncles Kavanagh vivent désormais côte-à-côte à Cap-des-Rosiers (Jersey Cove) : Dominick, chez son fils Arthur (là où se trouve désormais Robert), James, chez Joseph Ferguson et sa fille Alma, et Patrick, dans sa maison, avec son épouse Salomé Ste-Croix.

La maison où vit James semble être la même qui a vu naître Robert en 1914. Doit-on comprendre qu’à la mort d’Albert, trois ans auparavant, Ida a dû quitter et « donner » ses enfants pour faire place à la famille d’Alma, la fille de James (ne pas confondre avec Alma, fille d’Albert et sœur de Robert) ? Ou est-ce l’inverse : après le départ volontaire d’Ida, James a accueilli sa fille et son gendre et a cédé la maison à ce dernier (en effet, Joseph est déclaré chef dans ce recensement) ? Ce qui était sans doute les mœurs du temps paraît étrange, voire tragique à notre regard contemporain.

Enfance de Robert

Adopté par Arthur et Joséphine, Robert entre alors dans une famille fort nombreuse de treize enfants. En 1964, Arthur évoque ainsi l’adoption de deux enfants :

En plus de mes treize enfants [Malvina (1896), Apolina (1897), Marie Bertha (1898), Alfred (1900), Edmond (1901), Éva (1902), Barbara (1904), Irène (1905), Élisabeth Barbara (1907), Angéla (1909), Marie Anne (1910), Georges Arthur (1912), Maurille (1914)], nous en avons adopté 2. Bertha Ste-Croix, nièce, fille de feu Georges Ste-Croix, frère de ma femme [Joséphine Ste-Croix (1872)], laquelle est mariée avec Edgar Lapointe de Mont-Louis: ils demeurent à Sorel; Robert Kavanagh, cousin, fils de feu Albert Kavanagh et Ida Gleeton, tous deux décédés. Robert est marié à Marie Collin de Longue-Pointe de Mingan, le 29 juin 1950, présentement Gardien de Phare à l’Ile-aux-Perroquets, Saguenay.

(KAVANAGH 1964 : 14-15)

Robert a donc fait sa place dans la famille d’Arthur, dans laquelle, avec Bertha, il est venu compléter la « douzaine irlandaise », comme son grand-oncle Dominick le disait alors (KAVANAGH 1978 : 224).

Bertha et Robert. Deux orphelins de 2 ans qu’Arthur et Joséphine adoptent pour garder leur douzaine complète. Bertha anglaise, fille du frère de maman ne parle que l’anglais. Robert, fils du cousin Albert ne parle que français. Maurille [fils d’Arthur] qui est du même âge sert d’interprète. Robert apprit bientôt l’anglais suffisamment pour taquiner Bertha.

(KAVANAGH 1979b : 149-150)

En effet, dans la maisonnée d’Arthur et de Joséphine, la vie se passe à la fois en français et en anglais.

Tout au long de sa vie, Robert a beaucoup évoqué le souvenir de Bertha, de qui il semble avoir été assez proche dans l’enfance. Bertha Ste-Croix, fille de Georges et Agnys Squires, a épousé Edgar Lapointe à Sorel le 8 novembre 1941. Elle est décédée au même endroit le 12 mai 2001 [Web].

Robert se rappelle de son enfance sous le signe d’une pauvreté certaine en comparaison avec les moyens d’aujourd’hui. Il a certes fréquenté la « petite école » (français, anglais, « petite grammaire »), mais le travail à faire à la maison semblait prioritaire (Figure 12).

Figure 12

Ancienne école de Jersey Cove (vers 1908)

© MRC de La Côte-de-Gaspé et Patri-Arch, 2020

Ancienne école de Jersey Cove (vers 1908)

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Note. Cette maison se trouve au 1007, boulevard du Cap-des-Rosiers dans la partie du village qui se nommait autrefois Jersey Cove [Web].

« Il fallait travailler, aider à la maison » : rentrer du bois, faire des éclats, allumer le poêle tôt le matin, souffler la forge, nourrir les animaux, tirer les vaches, séparer le lait pour faire la crème, etc.

Responsables d’une si grosse famille, M. et Mme Arthur [Kavanagh] habituent très tôt leurs jeunes à participer aux tâches quotidiennes de la maison et de la terre. Robert apprend donc à nourrir et à entretenir le cheval, le bœuf, les deux vaches, les porcs et les volailles de la ferme. Jusqu’à l’âge de 18 ans, il partage une vraie vie de famille avec tous ces petits-cousins, qu’il appelle affectueusement ses frères et sœurs.

(COLLIN-KAVANAGH 2003 : 51)

Pour mieux comprendre l’esprit de la famille, son fonctionnement, ce témoignage d’Alfred, le fils d’Arthur, est éloquent.

C’était le socialisme à outrance chez-nous. Chaque sou que les aînés gagnaient, soit à l’enseignement ou à la morue, retournait à la caisse familiale. La maman [Joséphine] savait découdre et recoudre, défaire et refaire, tout aussi bien qu’elle [s]avait cuisiner et prier. L’oncle Jimmy [James, grand-père de Robert] confectionnait, à chaque automne, les mocassins faits de peau de vache qu’on avait fait tanner pour les marmots Kavanagh. [...] Papa [Arthur] était bon. Il n’a jamais ménagé ses peines pour nous faire plaisir. Il nous a donné tout ce qu’il a pu, nourriture, vêtement, instruction. Maman égalait en tout. Tous deux étaient de bons compagnons et jamais à ma connaissance, on a été témoin d’un mot désagréable entre eux. C’était l’accord complet. Ce que l’un ordonnait et décidait, l’autre l’appuyait et vice versa. Ainsi, on apprit à les aimer et à les respecter.

(KAVANAGH 1979a : 8-9)

Robert montra beaucoup de reconnaissance à ses parents d’adoption, aux dires mêmes de la famille. Et il y a laissé un souvenir très positif :

Ingénieur, il [Robert] n’avait pas son pareil. Il aurait fait le meilleur comédien au monde car il pouvait imiter tous les gens du Cap, même Evelyn, jouer de la musique à bouche, du violon, le piano et tous les instruments à corde et à vent. Le travail qu’il chérissait par-dessus tout, c’était le soin des dindes à maman. Robert, malgré sa légèreté, était bien estimé des autres membres de la famille et c’est pourquoi, il y a laissé un bon souvenir.

(KAVANAGH 1979b : 150)

À 11 ans, Robert est confirmé par Mgr F.-X. Ross le 25 juin 1925 à Cap-des-Rosiers. Il importe de dire quelques mots sur cette importante figure religieuse et sur le contexte de la Gaspésie d’alors :

Au début du XXe siècle la péninsule gaspésienne apparaît à l’observateur perspicace comme une extrémité négligée, voire même oubliée de la province de Québec. En raison de son éloignement et de son manque de communications, en raison aussi de la servitude dans laquelle les exploitants ont maintenu la population, peu de projets créateurs naissent au sein de ce groupe. Dans ce climat la dimension religieuse et morale est affectée au point où elle laisse beaucoup à désirer. Il est grand temps qu’un changement se produise d’autant plus que l’influence protestante et anglaise est grandissante. D’où viendra ce changement ? Des autorités civiles ? C’est peut-être une possibilité vu que les différents gouvernements n’ont pas gâté la Gaspésie depuis près de cent ans par des octrois ou des projets d’envergure. Cependant la léthargie chronique des dirigeants politiques entre chaque élection laisse peu d’espoir aux Gaspésiens. Viendra-t-il alors de l’Église ? S’aura-t-elle relever le défi qui s’adresse à elle ? C’est plus que probable étant donné que depuis longtemps on nourrit le projet de l’érection canonique d’un diocèse. [...] la bonne nouvelle arrive le 5 mai 1922 : Rome annonce l’érection canonique du diocèse de Gaspé ; son administration est alors confiée à Mgr Léonard [« lui-même Gaspésien né à Carleton »] en attendant la nomination d’un titulaire qui se fait en décembre de la même année. Il s’agit de Mgr François-Xavier Ross, fondateur de l’école normale de Rimouski et vicaire général du diocèse. Cet homme de grande culture a joué jusqu’ici dans la province un rôle déterminant en éducation. Il est aussi connu comme fervent patriote, un nationaliste très engagé. Dès le début de son épiscopat, Mgr Ross assure le leadership sur tous les plans : religieux, politique, social, économique, éducationnel. On dit même de lui qu’il a le cerveau d’un grand homme d’État.

(LAVOIE 1989 : xiii-xiv)

Joséphine aurait manifesté le désir d’envoyer Robert au collège, comme cela avait été le cas pour les autres enfants de la famille. Arthur aurait alors refusé en disant qu’il n’avait pas d’argent, qu’il l’avait déjà accueilli par charité et que Robert pourra continuer de travailler sur la terre pour gagner sa pension (KAVANAGH 1993-1994e : 7m59s). Cette grande déception n’aura cependant pas eu raison de la détermination de Robert. On le verra bien dans un prochain article.

Joséphine, mère adoptive de Robert, née le 22 octobre 1872 à Barachois (Figure 13), meurt des suites du diabète (KAVANAGH 1979a : 9) le 11 mars 1936 à l’âge de 63 ans et 4 mois à Cap-des-Rosiers.

Figure 13

Acte de baptême de Joséphine Ste-Croix (1872)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
St-Pierre-de-la-Malbaie (Gaspé), 1872

Acte de baptême de Joséphine Ste-Croix (1872) Acte de baptême de Joséphine Ste-Croix (1872)

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« Le vingt sept octobre mil hit cent soixante et douze, nous, curé soussigné avons baptisé Louise Joséphine, née le vingt deux du présent, fille légitime de Johnny Ste-Croix, pêcheur, et de Marie Bourget de cette paroisse Parrain Xavier Lemieux, cousin de l’enfant, Marraine Marguerite Michel, cousine de l’enfant, lesquels ainsi que le père n’ont pu signer. »

Arthur, père adoptif de Robert, né le 6 octobre 1872 (Figure 14), meurt le 12 décembre 1967 à l’âge de 95 ans et 2 mois à Cap-des-Rosiers.

Figure 14

Acte de baptême d’Arthur Kavanagh (1872)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1872

Acte de baptême d’Arthur Kavanagh (1872)

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« Le douze octobre, mil huit cent soixante douze, nous prêtre missionnaire soussigné, avons baptisé Michel Arthur né le six de ce mois, fils légitime de Dominique Kavanagh, journalier, et de Malvina Ste-Croix de cette mission. Parrain, James Kavanagh; marraine Marie [Zoé] Ste-Croix qui ont déclaré ainsi que le père ne savoir signer. »

Arthur Kavanagh, marchand de Cap-des-Rosiers, était un personnage important de la région :

Je crois avoir exercé presque toutes les fonctions dans la vie publique de la région [Cap-des-Rosiers] : secrétaire-trésorier des écoles, du conseil municipal; conseiller, maire par deux fois, préfet du comté de Gaspé et marguillier. [...] quoique ayant toujours été un fort partisan politique et ayant toujours été membre du même parti, je n’ai pas connaissance d’avoir blessé mes adversaires. J’ai toujours eu pour principe que chacun a droit à son opinion en politique comme ailleurs. Une fois la lutte passée, tout redevenait normal et le perdant devait endurer son mal en se consolant à la pensée que d’autres élections viendraient plus tard... C’est la vie!

(KAVANAGH 1964 : 16)

Arthur est allé en Minganie à quelques reprises, notamment pour le travail avant d’avoir son propre magasin à Cap-des-Rosiers. En effet, à l’automne 1889, il est engagé comme commis par la maison Charles LeBoutillier de Gaspé pour son établissement de Havre-Saint-Pierre. « [P]ar malheur la Cie LeBoutillier faisait faillite en avril 1890 » (KAVANAGH 1964 : 10). Il sera aussi présent au mariage de Robert et Mary soixante ans plus tard, en 1950, du moins aux festivités des jours qui suivent, car l’avion, coincé à Sept-Îles, n’a pas pu se rendre à temps le jour même à cause du brouillard (COLLIN-KAVANAGH : 51).

Albert, le père de Robert, est né à Cap-des-Rosiers le 21 mars 1889 (Figure 15) et, comme on l’a vu, est décédé à l’âge de 29 ans et 20 jours (Figure 8).

Figure 15

Acte de baptême d’Albert Kavanagh (1889)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1889

Acte de baptême d’Albert Kavanagh (1889)

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« Le vingt et un mars mil huit cent quatre-vingt-neuf, nous, curé soussigné, avons baptisé Joseph Albert, né ce jour fils légitime de James Kavanagh pêcheur, et de Zoé Ste-Croix, de cette paroisse. Parrain Dominique Kavanagh, oncle de l’enfant. Marraine Malvina Ste-Croix, son épouse, lesquels ont déclaré ne savoir signer, de ce requis, le père absent. Lecture faite. »

Ida, la mère de Robert, née le 1er juillet 1892 (Figure 16), meurt le 6 août 1958 à l’âge de 66 ans et 1 mois. Dans le cimetière des Anciens à Cap-des-Rosiers, on trouve la mention suivante à l’endos de la pierre tombale d’Albert (Figure 9) : « Ida Gleeton 1886-1953 Épouse de Albert Kavanagh ». Ces dates inscrites sur la pierre sont malheureusement erronées si l’on se fie aux actes officiels.

Figure 16

Acte de baptême d’Ida Gleeton (1892)

Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), Registres de l’état civil du Québec
Cap-des-Rosiers (St-Alban), 1892

Acte de baptême d’Ida Gleeton (1892)

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« Le trois juillet mil huit cent quatre-vingt-douze, nous curé soussigné, avons baptisé Marie Géraldine Ida née l’avant veille, fille légitime de Alexandre Glitton, pêcheur, et de Adéline Giasson, de cette paroisse. Parrain John Whalen; marraine Marie Bond, lesquels ont déclaré ne savoir signer de ce requis, le père présent. Lecture faite. »

Voici la photo d’Ida Gleeton, mère de Robert (Figure 17).

Figure 17

Photo d’Ida Gleeton, mère de Robert

© Collection Pierre Kavanagh

Photo d’Ida Gleeton

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La jeunesse ne dure qu’un temps

Malgré la dispersion des enfants après la mort de leur père en 1918 et la séparation d’avec leur mère, il semble qu’ils aient toujours été en contact avec elle, comme en témoigne cette extraordinaire photo sans doute prise à Cap-des-Rosiers (Figure 18). Difficile d’en déterminer l’année exacte, mais la première moitié des années 1930 semble probable.

Figure 18

Les 5 enfants Kavanagh avec leur mère (c. 1930-1935)

© Collection Pierre Kavanagh

Les 5 enfants Kavanagh avec leur mère (c. 1930-1935)

Ida Gleeton (assise) et ses enfants : Robert est l’avant-dernier à droite.

Prise quelque 50 ans plus tard, dans les années 1980 (en 1986 ou avant), cette photo des 5 enfants Kavanagh : debout derrière, Walter, Noëlla et Robert, et à l’avant-plan, Zoé et Alma (Figure 19).

Figure 19

Les 5 enfants Kavanagh, 50 ans plus tard

© Collection Pierre Kavanagh

Les 5 enfants Kavanagh, 50 ans plus tard

Voilà qui clôt cet article sur l’enfance de Robert Kavanagh. Une enfance marquée par la mort du père, une adoption et l’éloignement de sa mère adorée. Élevé au sein d’une autre famille du clan Kavanagh de Cap-des-Rosiers, Robert aura eu la chance de connaître une vie familiale particulièrement riche, entouré de parents adoptifs fort bienveillants (Arthur et Joséphine) et d’une nouvelle fratrie nombreuse et affairée. Malgré le décès d’un père qu’il n’aura jamais vraiment connu, d’autres figures paternelles importantes ont été omniprésentes pour le guider, du grand-père James au grand-oncle Dominick, sans oublier Patrick – le troisième frère du trio –, voisin immédiat. Robert les aura connus et fréquentés de sa naissance à leur mort en 1932 et 1933 (tous les trois), soit pendant toute son enfance et son adolescence.

Si le travail dur et constant a aussi marqué cette enfance, c’est le caractère ingénieux et curieux de Robert Kavanagh qui lui servira de boussole pour la suite de son existence. Une existence qu’il se forgera lui-même à force de détermination et de courage. Nous reviendrons bientôt raconter la suite de son histoire, dont le décor, cette fois, sera une toute autre région, la Côte-Nord.

Allez, Grand-Papa, chante-nous une petite chanson (Audio 1) !

Audio 1

Amusons-nous, Jeunesse par Robert Kavanagh (1994)

© Collection Pierre Kavanagh (KAVANAGH 1993-1994d : 0m6s)

Cliquez sur le bouton pour entendre l’extrait audio.

« Amusons-nous, Jeunesse, amusons-nous toujours !
Le temps de la jeunesse ne dure pas toujours ! [2 fois]
J’espère que c’est bon ! Bye ! Y a faite un clin d’œil là.
Là, je viens de chanter et puis là je m’aperçois que c’est pas pire... »

Bibliographie

BERNARD, A. (1957). Les Soeurs de Saint-Paul de Chartres, Librairie Garneau, 509 p. [Web]

COLLIN-KAVANAGH, M. (2003). Femme de gardien de phare, Kavaska, 199 p.

COMITÉ ORGANISATEUR (1972). Centenaire du Cap-des-Rosiers. Son histoire 1872-1972, album-souvenir, 215 p.

GENDRON, P. et CLOUTIER, J. (2021). « De 1936 à 1954 ; Octave Gendron gardien du phare de Métis », Bulletin des amis des phares, 33, 7-12.

KAVANAGH, Ar. (1964). « Les Kavanagh à Cap-des-Rosiers », Revue d’histoire de la Gaspésie, 2(1), 5-16.

KAVANAGH, Al. (1978). « La famille Kavanagh », Revue d’histoire et de traditions populaires de la Gaspésie, 16(4)/64, 223-230.

KAVANAGH, Al. (1979a). « La famille Kavanagh », Gaspésie. Revue d’histoire et de traditions populaires de la Gaspésie, 17(65), 3-16.

KAVANAGH, Al. (1979b). « La famille Kavanagh », Gaspésie. Revue d’histoire et de traditions populaires de la Gaspésie, 17(67), 142-150.

KAVANAGH, R. (s. d.). Entrevue, enregistrements audio de Robert Kavanagh, 2 fichiers (a : 31m47s, b : 32m08s), document familial.

KAVANAGH, R. (1993-1994). Mémoires, auto-enregistrements audio de Robert Kavanagh, 5 fichiers (a : 19m46s, b : 1m12s, c : 30m08s, d : 7m17s, e : 19m39s), document familial.

LAVOIE, L. (1989). Monseigneur François-Xavier Ross. Libérateur de la Gaspésie, 2e édition, Éditions Anne Sigier, 261 p.

Remerciements

Grand merci à notre cousin de Gaspé, Jean-Maurice Joncas, pour les renseignements et documents précieux sur des parents de Gaspésie.

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Ce texte est protégé par une licence Creative Commons CC BY-NC-SA 4.0. Le citer ainsi :
KAVANAGH, É. et KAVANAGH, P. (2025). « L’origine gaspésienne de Robert Kavanagh », Paspaya.ca, 6e article, 27 février 2025.

Corrections, questions et commentaires

Il est impossible de faire ce genre de travail d’analyse sans commettre erreurs et imprécisions ni sans laisser çà et là des coquilles qui échappent à l’attention, même après de nombreuses relectures. Merci de me les signaler, et n’hésitez pas à donner vos commentaires : erickavanagh99 à gmail point com.

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