Éric Kavanagh
Le 19 octobre 2024
Charles Hambelton, Île Verte, phare, Fleuve Saint-Laurent, famille Hamilton, Euphrosine Rolet, Trinity House, Matane, Moisie, gardien de phare.
Bien qu’il ne soit plus présent aujourd’hui à Longue-Pointe, le patronyme Hamilton a marqué notre histoire. Il nous faut évidemment tout de suite penser à la plus importante porteuse de ce nom chez nous : Mathilda Hamilton, épouse de Walter Vibert. Mais pour comprendre ses origines, remontons à un moment central de l’histoire maritime du Québec, un siècle avant la naissance de « madame Mathilda »...
Notre Saint-Laurent, c’est bien connu, est une zone de navigation particulièrement difficile. Les autorités de Nouvelle-France, autant que celles du régime britannique qui allait suivre, s’en sont beaucoup préoccupés.
Le phare de l’île Verte est le plus ancien du fleuve. Il a vu le jour après les phares de Sambro [Nouvelle-Écosse] et de la pointe Gibraltar [Lac Memphrémagog, Québec] et est donc le troisième plus vieux phare au pays. [...] Déjà, lorsque les Malécites peuplaient le nord de l’île, on pouvait apercevoir des feux de grève ou en haut des caps pour aider les marins à se diriger. Dès 1544, des pilotes ouvraient la voie aux explorateurs, et l’intentant Talon s’assura que des pilotes compétents soient formés au pays même. Comme le commerce entre les colonies du Canada et l’Angleterre avait pris beaucoup d’importance après la conquête, le nombre de navires qui empruntaient le Saint-Laurent augmenta remarquablement. Les fanaux alors allumés sur la grève la nuit ne suffisaient carrément pas; ils n’étaient d’ailleurs pas toujours disposés efficacement. Les nombreux naufrages qu’occasionne cette circulation accrue vont inciter la Chambre d’assemblée du Bas-Canada à créer la Maison de la Trinité en mai 1805 (Commission du Havre de Québec en 1867, ministère de la Marine et des Pêcheries en 1875, et par la suite le ministère des Transports connu aujourd’hui sous le nom de Transport Canada). Son mandat était de restructurer le système d’aide à la navigation et d’assurer la sécurité navale. Malgré les ressources limitées de la Maison de la Trinité, elle entame des préparatifs en vue de la construction d’un premier phare, celui de l’île Verte. C’est ainsi que la construction de la tour débuta en 1806 sur la pointe nord-est de l’île (cette tour avait une forme polygonale qu’elle a gardée jusqu’aux années 1870 où elle prit une forme hexagonale). Le phare fut enfin achevé en 1808 et entra en fonction en 1809.
(DURETTE 2000 : 18)
Toujours présent du côté nord-est, le phare de l’Île Verte est un monument très important de notre histoire maritime (Figure 1).
Figure 1
Le phare et les bâtiments de l’Île Verte
© Claudia Després, 2024
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Une plaque commémorative (Figure 2) rappelle le souvenir d’une dynastie de gardiens de phare sur l’île, celle de la famille Lindsay. Les Lindsay ont gardé les lieux pendant 137 ans (4 générations).
Figure 2
Plaque commémorative au phare de l’Île Verte (1976)
© Claudia Després, 2024
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« En 1806, le Conseil exécutif du Bas-Canada ordonna la construction d’un phare pour guider les navires dans les dangereux hauts-fonds et courants de l’embouchure du Saguenay. Terminé en 1809, ce phare fut le premier feu de navigation sur le Saint-Laurent. Pendant 137 ans, de 1827 à 1964, il fut gardé par quatre générations de Lindsay. En 1969, une balise automatique a remplacé le feu de navigation dans la haute tour de pierre, qui, à travers les ans, a gardé presque toutes ses caractéristiques originelles. Elle est la troisième en ancienneté au pays. »
Même si leur legs est immense, les Lindsay n’ont pas été les premiers gardiens de l’Île Verte. Curieusement, la plaque commémorative ne rappelle pas le souvenir du tout premier gardien et de sa famille. Premier gardien de l’Île, et premier gardien sur le Saint-Laurent. Et ce premier gardien fait partie de notre arbre généalogique paspaya.
Navigateur écossais né au Royaume-Uni en 1766 (estimation), Charles Hambelton a été le tout premier gardien de phare du Saint-Laurent, à l’Île Verte, de 1809 à 1827, soit pendant 18 ans, jusqu’à sa mort (HAMBELTON 2023, HAMILTON 1981, LINDSAY 2020, OUELLET 2009).
1808, 22 avril. Charles Hambelton est engagé par la Trinity House comme premier gardien de phare (gardien de 1809 à 1827). 1809, juillet. La lanterne et le système lumineux arrivent à Québec et sont transportés à l’île Verte par Charles Hambelton. 1809, 13 septembre. Le gardien Charles Hambelton informe la Trinity House que le phare est prêt. Il reçoit aussitôt les instructions d’allumer le système catoptrique de 13 réflecteurs. Construction par Hambelton de la première maison du gardien. 1817. Agrandissement de la maison par le gardien Hambelton.
(CYR et TARDIF 2009 : chronologie)
Le 13 septembre 1809, le gardien Charles Hambelton recevait l’ordre de la Trinity House de Québec d’allumer les 13 lampes à l’huile munies de 13 réflecteurs du système lumineux nouvellement installé.
(BAP 2009 : 3)
Au cours de sa vie, Hambelton s’est marié à trois reprises. Avec ses trois épouses, il aura au moins 19 enfants entre 1797 et 1823, soit en 26 ans. Comme c’est le cas pour plusieurs Paspayas de Longue-Pointe, Charles Hambelton est mon ancêtre. Et tous les Paspayas concernés descendent de son premier mariage avec Euphrosine Rolet (Figure 3), elle aussi, bien sûr, notre ancêtre. Les trois mariages de Hambelton se sont faits selon le rite anglican, à Québec.
Figure 3
Acte de mariage de Charles Hambelton et Euphrosine Rolet (1795)
Généalogie Québec, Québec (Anglican Metropolitan Church), 1795
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« Charles Hambleton, bachelor, mariner, of this parish [Québec],
and Froisine Rolet, of the same parish, spinster, were married in the place by licence, this twenty-sixth day of October in the year one thousand seven
hundred and ninety-five, by me David Francis De Montmollin [Web],
Rector. This marriage was solemnized between us.
[Signatures]
Charles Hambelton
+ This is the mark of Froisine Rolet
[Témoins]
In the presence of
J. Fredrick, taylor – John Buchanan, Coustom.
+ This is the mark of Louis Lavoix, Pilote du Fleuve St Laurent »
Note générale. La transcription des actes se fait en respectant le plus possible l’orthographe utilisée par le prêtre, incluant les erreurs.
À son mariage, Charles avait peut-être 29 ans (extrapolé de l’âge déclaré dans l’acte de son deuxième mariage), et Euphrosine avait 20 ans puisqu’elle est née en 1775 (Figure 4).
Figure 4
Acte de baptême d’Euphrosine Rolet (1775)
FamilySearch, Québec (Notre-Dame), 1775
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« Le vingt cinq avril mil sept cens soixante quinze par nous curé d’office a été baptisée Marie née le jour précédent du légitime mariage de François Rolet et de Geneviève Cadoret la parrain a été Guillaume Garneau et la marraine Marie Anne Parent qui a signée avec nous le parrain et le père ont déclarés ne le scavoir trois mots raturés de nul valeur »
Le couple Hambelton-Rolet a eu au moins 7 enfants, dont des jumeaux qui n’ont pas survécu au-delà de l’âge de quatre ans. Leur premier garçon et troisième enfant, lui aussi prénommé Charles, est notre ancêtre. Nous y reviendrons rapidement. Il est important de noter que Charles n’était pas encore gardien de phare lors de ce premier mariage. Deux ans avant l’entrée en fonction de Charles à l’Île Verte, Euphrosine décède de la « picote » à Québec (Figure 5).
Figure 5
Acte de sépulture d’Euphrosine Rolet (1807)
Généalogie Québec, Québec (Notre-Dame), 1807
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« Le six mars mil huit cent sept je vicaire sousigné ai inhumé dans le cimetière des Picotés Euphrosine Rolette épouse de Charles Hambelton marinier, décédée en cette ville [Québec] depuis deux jours, agée de trente trois ans. Présens Jean Vézina et Pierre Drouin sousignés. »
Moins de trois mois après le décès d’Euphrosine, Charles épouse Agathe Pepin à Québec. On peut penser que l’urgent besoin d’aide avec ses enfants en bas âge a certainement accéléré la décision de se marier.
Figure 6
Acte de mariage de Charles Hambelton et Agathe Pepin (1807)
Généalogie Québec, Québec (Anglican Metropolitan Church), 1807
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« Charles Hambelton, mariner, of the city of Quebec, widower, aged forty one years, was married
by licence and with consent of her parent, to Agathe Papin, daughter of Francois Papin, farmer, of the parish of Jeune Lorette, spinster, aged thirty five
years this thirtieth day [trentième] of may in the year of our Lord one thousand eight hundred and seven. Father Jehosaphat
Mountain [Web] officiating minister at Quebec.
[signatures]
Charles Hambelton
Agathe Papin, her mark +
[témoins]
François Papin, father of Agathe Papin his mark +
Louis Papin, brother, his mark +
Andrew Papin, brother,
his mark +
James Mill[ord?] farmer »
Le couple aura 2 enfants, mais Agathe meurt après à peine 20 mois de mariage (Figure 7), à la naissance du deuxième. Leurs enfants ne survivent que quelques mois. Agathe meurt donc au début de l’année au cours de laquelle Charles prendra les fonctions de gardien de phare à l’Île Verte.
Figure 7
Acte de sépulture d’Agathe Pepin (1809)
Généalogie Québec, Québec (Notre-Dame), 1809
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« Le vingt neuf janvier mil huit cent neuf je vicaire soussigné ai inhumé dans le cimetière des Picotés Agathe Pepin, épouse de Charles Hambelton, navigateur, décédée en cette ville [Québec] depuis deux jours âgée de vingt six ans. Présens Thomas Bédard et François Marcoux soussignés. »
Et moins de deux mois après le décès de sa deuxième épouse, Agathe, Charles Hambelton épouse Angélique Rolet (Figure 8), la cousine germaine de sa première épouse. En effet, Euphrosine et Angélique ont le même grand-père paternel, François Rolet dit Savoyard (pionnier en Nouvelle-France), mais sont issues de deux grands-mères différentes, à savoir Marie Métivier dit Gronier (Euphrosine) et Marie Thérèse Grenet (Angélique). François Rolet dit Savoyard et Marie Métivier dit Gronier sont aussi les ancêtres de plusieurs Paspayas. Entre 1810 et 1823, le couple Hambelton-Rolet aura 10 enfants, à l’Île Verte.
Figure 8
Acte de mariage de Charles Hambelton et Angélique Rolet (1809)
Généalogie Québec, Québec (Anglican Holy Trinity Cathedral), 1809
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« Charles Hambelton, of the city of Quebec, mariner, and keeper of the light house on Green
Island in the River St Lawrence, widower, aged forty three years, was married by licence to Angelique Rollet, spinster, daughter of Joseph Rollet, of the
same city, mariner, aged twenty four years, this fifth day of March in the year of our Lord one thousand eight hundred and nine by me, father Jehosaphat
Mountain officiating minister at Quebec.
[signatures]
Charles Hambelton
Angelique Rollet
[témoins]
George Chapman
John Harbaun[?] »
Angélique survivra à son mari. Elle meurt 11 ans après lui, en 1838, à Rimouski (Figure 9). Née en septembre 1780 à Québec, elle meurt à 57 ans. Après le décès de Charles en 1827, elle se remarie avec William Johnson le 1er septembre 1829 à Cacouna (Saint-Georges). Le couple ne semble pas avoir eu d’enfants.
Figure 9
Acte de sépulture d’Angélique Rolet (1838)
Généalogie Québec, Rimouski (Saint-Germain), 1838
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« Le neuf avril mil-huit-cent-trente-huit, nous soussigné, vicaire de cette paroisse [Rimouski], avons inhumé dans le cimetière le corps de Charlotte Angélique Rolette décédée le six du courant âgée d’environ cinquante ans, veuve en secondes noces de William Johnson, en son vivant musicien domicilié à Cacouna. Présens Ma[?] Lepage et Hyacinthe Côté qui n’ont su signer. »
Charles Hambelton meurt en 1827 alors qu’il est toujours gardien de phare à l’Île Verte (Figure 10). S’il est effectivement né en 1766, il a environ 61 ans à son décès.
Figure 10
Acte de sépulture de Charles Hambelton (1827)
Généalogie Québec, Cacouna (Saint-Georges), 1827
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« Le dix sept avril huit cent vingt sept par moi prêtre soussigné a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse [Cacouna] Charles Hambelton gardien du for sur l’isle verte lepoux de Angelique Rolette décédé agé de soixante cinq ans présens jean Siroy, Fabien Michaud qui n’ont pu signer. »
Après avoir présenté les principaux jalons de la vie du pionnier Charles Hambelton, allons maintenant explorer le lien généalogique qui unit le premier gardien de phare du Saint-Laurent et plusieurs Paspayas de Longue-Pointe.
Née en juin 1901 à Moisie, Mathilda Hamilton est la fille de Joseph Hamilton et Anna Desmond (Figure 11). Elle épouse Walter Vibert de Longue-Pointe le 8 octobre 1918 à Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre). Ils auront une famille nombreuse qu’ils élèveront à Longue-Pointe.
Figure 11
Acte de baptême de Mathilda Hamilton (1901)
Ancestry.ca, Moisie (Sacré-Cœur-de-Jésus), 1901
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« Le quinze juin dix-neuf-cent-un, nous, soussigné, avons baptisé Marie Mathilda, née le cinq du présent mois, du légitime mariage de Joseph Hamilton, pêcheur; et d’Anna Desmond, de cette mission [Moisie]. Parrain, Daniel Desmond, pêcheur; marraine, Ursule Hamilton, épouse d’Alexandre St-Louis, tous deux de cette mission. Le parrain seul a signé; la marraine et le père ont déclaré ne savoir signer. Lecture faite. »
Les parents de Mathilda, Joseph Hamilton et Anna Desmond, se sont mariés à Moisie en octobre 1892 (Figure 12). Anna se remariera avec Joseph Cummings à Moisie en avril 1906.
Figure 12
Acte de mariage de Joseph Hamilton et Anna Desmond (1892)
Ancestry.ca, Moisie, 1892
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« Le quatre octobre mil huit cent quatre vingt douze, après avoir accordé la dispense de deux bans de mariage, en vertu d’un pouvoir à nous accordé par Monseigneur Michel Thomas Labrecque Eveque de Chicoutimi, entre Joseph Hamilton fils majeure de Joseph Hamilton et de Carsile Tremblay de cette paroisse d’une part et Lésianne Dismond fille majeure de Peter Patrick Dismond et de Lesy Levesque de cette paroisse d’autre part. Ne s’étant découvert aucun empêchement au dit mariage, nous prêtre sousigné avons reçu leur mutuel consentement de mariage et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de William Hamilton et de Hélène Dismond. Cette dernière seulement a pu signer. Lecture faite. »
Les Hamilton sont la première « famille de blancs » à Moisie-Ouest :
Cette presqu’île [Moisie], presque entièrement recouverte de fiers sapins, ne contenait que peu de ressources vitales au début de 1854; cependant cet embryon de village, à cette époque lointaine, abritait un petit noyau, composé de deux familles canadiennes, des blancs, Charles et Joseph Hamilton, mariés aux deux sœurs Christine et Tharsile Tremblay, venues de la région de Matane; et aussi cinq familles indiennes montagnaises, les Ambroise, les Volant, les Michel, les Régis et les Mackensie.
(PORLIER-BOURDAGES 1975 : 57)
Quant aux Desmond, le père d’Anna, Peter Patrick, a été agent de la Compagnie Molson, propriétaire et exploitante des forges de Moisie [Web] (PORLIER-BOURDAGES 1975 : 40).
Les grands-parents paternels de Mathilda sont Joseph Hamilton et Tharsile Tremblay. Ils se sont mariés en novembre 1859 à Matane (Figure 13).
Figure 13
Acte de mariage de Joseph Hamilton et Tharsile Tremblay (1859)
FamilySearch, Matane (Saint-Jérôme), 1859
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« Le quinze novembre mil huit cent cinquante neuf, après la publication de tois bans de mariage faite aux prônes de nos messes paroissiales, entre Joseph Hamilton cultivateur domicilié en cette paroisse [Matane] fils majeur de Charles Hamilton et de Sophie Deschêne de cette paroisse d’une part, et Terzil Tremblay fille mineure de André Tremblay et de Christine Lévêque aussi de cette paroisse d’autre part. Ne s’étant découvert aucun empêchement de mariage, nous prêtre soussigné missionnaire avons reçu leur mutuel consentement de mariage et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de Charles Hamilton frère de l’époux, François Langlais ami des époux, Joseph Tremblay frère de l’épouse qui ainsi que l’époux n’ont su signer. »
Enfin, les arrière-grands-parents paternels de Mathilda sont Charles Hamilton (Hambelton) et Sophie Miville-Deschêne. Ils se sont mariés en février 1825 à Trois-Pistoles (Figure 14). Charles est le fils de Charles Hambelton et Euphrosine Rolet, et ce, malgré les erreurs commises par le prêtre dans la rédaction de l’acte. En effet, ce dernier confond les deux cousines Rolet et indique qu’Angélique est la mère de Charles, ce qui n’est pas le cas (Angélique et Charles n’auront aucun enfant nommé Charles). De plus, le prêtre désigne le père, Charles, comme cultivateur alors qu’il est gardien de phare.
Figure 14
Acte de mariage de Charles Hamilton et Sophie Miville Deschênes (1825)
FamilySearch, Trois-Pistoles (Notre-Dame-des-Neiges), 1825
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« Le sept février mil huit cent vingt cinq, après la publication de trois bans de mariage faite aux prônes de nos messes paroissiales entre Charles Hamilton journalier fils majeur de Charles Hamilton cultivateur et de défunte Angélique Rolette de l’Isle Verte d’une part et Sophie Miville dit Deschênes fille majeure de Joseph Miville dit Deschênes cultivateur et de Marie-Anne Baulieu de cette paroisse [Trois-Pistoles] d’autre part, ne s’étant découvert aucun empêchement de mariage, nous prêtre soussigné, avons reçu le mutuel consentement des parties et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence de Thomas Bélanger, Rémi Ouellet et de Joseph Miville dit Deschênes qui ont déclaré ne savoir signer. »
Après la présentation de ces documents, on peut retracer tout le chemin parcouru de la famille Hambelton-Hamilton en plus d’un siècle : le pionnier part de l’Écosse et se retrouve à Québec, ensuite à l’Île Verte comme gardien de phare, et une partie de sa descendance poursuit son chemin jusqu’à Matane et traverse le Fleuve pour s’établir comme pionniers à Moisie, et de là vers la Pointe-aux-Esquimaux (Havre-Saint-Pierre) jusqu’à Longue-Pointe. En cours de route, le patronyme Hambelton passera très rapidement à Hamilton.
Une autre Paspaya de Longue-Pointe appartient à la famille Hambelton-Hamilton : Adélaïde Jourdain, épouse de Joseph Collin. En effet, Adélaïde est la petite-cousine de Mathilda Hamilton du fait qu’elles ont toutes les deux les mêmes arrière-grands-parents Hamilton, Charles et Sophie Miville Deschênes. Alors que Mathilda descend de leur fils Joseph Hamilton (Tharsile Tremblay), Adélaïde descend de Basilisse Hamilton (François Lévesque). Ses grands-parents Lévesque-Hamilton se sont mariés à Matane en mai 1845 (Figure 15). Chose intéressante : dans l’acte, Basilisse est nommée Hambelton, ce qui montre l’alternance qui existe sur plusieurs générations des formes Hambelton et Hamilton.
Figure 15
Acte de mariage de François Lévesque et Basilisse Hamilton (1845)
Généalogie Québec, Matane (Saint-Jérôme), 1845
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« Le douze Mai mil-huit-cent-quarante-cinq vû la publication de trois bans de mariage faite au prône de nos messes paroissiales entre François Lévêques, cultivateur, fils majeur de Pierre Lévêques et de Charlotte Gagnon de Matane d’une part; Et Basilisse Hambelton, fille mineure de Charles Hambelton, cultivateur, et de Sophie Miville dite Deschênes aussi de Matane d’autre part, vû le consentement des parents la partie mineure et ne s’étant découvert aucun empêchement, nous soussigné curé de cette paroisse avons reçu leur mutuel consentement de mariage et leur avons donné la bénédiction nuptiale en présence d’Anselme Côté, ami de l’époux, et de Charles Hambelton, père de l’épouse qui ont déclaré ne savoir signer ainsi que les époux de ce requis. »
À Longue-Pointe et dans sa diaspora, à ce jour, il y a donc plusieurs dizaines de Paspayas qui sont des descendants du premier gardien de phare de l’Île Verte, Charles Hambelton. Pour l’anecdote, notons qu’une famille Vibert-Collin descend de Charles Hambelton à la fois par Mathilda Hamilton et par Adélaïde Jourdain.
Je termine cet article en évoquant le descendant Hamilton sans doute le plus connu du Québec : Marc Hamilton, l’interprète et compositeur de la célèbre chanson Comme j’ai toujours envie d’aimer (1970). Bien que des sources Internet (que je n’ai pas vérifiées) précisent que le chanteur a été adopté, il porte néanmoins le patronyme Hamilton, hérité lui aussi du pionnier écossais.
BAP (2009). « 200 ans au phare de l’Île Verte c’est brillant ! », Bulletin des amis des phares, 9 (automne), 3-4. [Web]
CYR, L. et TARDIF, J.-C. (dir.) (2009). L’Île Verte. Le fleuve, une île et son phare, Éditions GID, 327 p.
DURETTE, M.-L. (2000). « Les premiers phares du Saint-Laurent », Histoire Québec, 6 (2), 18-20.
HAMBELTON, R. (2023). « Que le phare vous mène à bon port ! », Concours Mes ancêtres au bout de ma plume!, Semaine nationale de la généalogie, Fédération québécoise des sociétés de généalogie. [Web]
HAMILTON, C. (1981). « La famille Hamilton », L’Ancêtre, 7 (5), 149-155.
LINDSAY, J. (2020). « Elle mourut à 130 ans, encore bien en forme », Bulletin des amis des phares, 31 (automne), 21-27. [Web]
OUELLET, J. (2009). « Un Écossais nommé Hambelton/Hamilton à l’île Verte », Le Louperivois, 21 (3), 6-7.
PORLIER-BOURDAGES, L. (1975). Les forges de Moisie-Est 1875-1975, Éditions Le Musée de Sept-Îles, 92 p.
Ce texte est protégé par une licence Creative Commons CC BY-NC-SA 4.0. Le citer ainsi :
KAVANAGH, É. (2024). « De Hambelton à Hamilton : un ancêtre de l’Île Verte », Paspaya.ca,
4e article, 19 octobre 2024.
Il est impossible de faire ce genre de travail d’analyse sans commettre erreurs et imprécisions ni sans laisser çà et là des coquilles qui échappent à l’attention, même après de nombreuses relectures. Merci de me les signaler, et n’hésitez pas à donner vos commentaires : erickavanagh99 à gmail point com.
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